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les forçats du mariage

et bon navrait pourtant, car on y surprenait un effort.

— Bonjour, Lucette, s’écria Marcelle. Voyez, Robert, le joli bambino. C’est mon filleul. Bonjour, monsieur Marcel, je ne t’ai pas oublié ; je t’apporte un gros sac de pralines.

Robert caressa l’enfant, tout en continuant d’observer Lucette, dont la distinction native l’avait frappé, dont le regard voilé l’intriguait.

— Eh bien ! comment trouvez-vous Lucette ? lui demanda Marcelle.

— Assez gentille, répondit-il négligemment.

— Vous êtes difficile ! moi qui craignais…

— Quoi donc ?

— Qu’elle ne vous parût plus belle que moi.

— Tais-toi, dit Robert ému. Et il lui ferma la bouche par un baiser.

Le premier tutoiement, le premier baiser.

Le doute avait fait place à la confiance infinie.

Au milieu de la nuit, Robert et Marcelle furent réveillés en sursaut par des cris déchirants.

— C’est quelqu’un qu’on assassine, pensa Robert. Malgré les supplications de Marcelle terrifiée, il se précipita dehors.

Plusieurs domestiques, éveillés de même, se dirigeaient également vers l’endroit d’où partaient les cris.

Ils arrivèrent devant la maison du garde ; et comme la porte résistait, ils brisèrent la fenêtre.