Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
les forçats du mariage

— Votre amie, en effet, est fort aimable. Nous la verrons souvent, je l’espère.

— Oui, l’hiver prochain, car elle va partir pour la campagne.

Robert assista à la célébration de son mariage avec une parfaite insouciance : ce n’était pour lui qu’une cérémonie banale, une corvée ennuyeuse.

Marcelle, au contraire, y apporta toute son âme, une émotion recueillie, une joie profonde, mêlée toutefois de ces vagues appréhensions qu’inspire l’inconnu.


IX


Le lendemain, les jeunes époux partirent pour la villa que M. Rabourdet possédait à Sceaux.

Lorsqu’ils y arrivèrent, le soleil se couchait au milieu d’une vapeur dorée, et jetait sur toute la campagne des reflets gais et tendres. Ils virent un présage de bonheur dans cette bienvenue que semblait leur souhaiter le soleil.

Parmi les gens de service qui les attendaient, Robert remarqua une jeune femme qui tenait par la main un bel enfant blond. Son visage, d’une grande pureté de lignes, était grave et doux et semblait abattu par une souffrance morale. Le regard se dérobait, timide, presque farouche. Son sourire naïf