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Jean, avec sévérité croissante.

Fille d’un premier lord de l’amirauté, sœur d’un soldat tombé en Flandre, vous ne croyez pas à notre œuvre. (Mabel veut parler, il l’arrête avec autorité.) Lady Mabel, je sais que vous êtes la noblesse même, que tout ce qu’il y a de noble en nous ne peut pas être méconnu de la femme qui a couru nos dangers sur le champ de bataille, mais si ma mère vous demandait : décidez. Dois-je autoriser mon fils à rester ce qu’il veut être : que répondriez-vous ?

Mabel, très émue.

C’est moi qui vais vous poser une question : Puisque vous savez par votre exemple même, qu’on peut, sans être soldat de carrière, défendre son pays menacé, pourquoi, Monsieur de Gestel, voulez-vous n’avoir plus d’autre besogne que la guerre, pourquoi voulez-vous que votre pays ne trouve l’emploi décisif de votre dévouement, qu’aux heures de deuil et de catastrophe ?

Jean

Parce que j’ai acquis la conviction que ces heures, nous devons y penser toujours, qu’il faut que, dans la paix, les hommes