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L’ISOTOPIE ET LES ÉLÉMENTS ISOTOPIQUES

tions et des rapprochements nouveaux, pour classer tous les radioéléments, et même pour tenter la séparation, d’autant plus que celle-ci eût été très désirable pour permettre l’étude des radioéléments purifiés.

L’isotopie du Ra D et du plomb a été mise à l’épreuve d’une manière très complète (Hevesy et Paneth, Staehling), [24]. Des recherches étendues de Fleck [25] ont prouvé l’isotopie de l’uranium X1 et du radioactinium avec le thorium, celle du mésothorium II avec l’actinium, celle du thorium B, du radium B et de l’actinium B avec le plomb, celle du thorium C, du radium C, et de l’actinium C avec le bismuth, celle du radium A avec le polonium, celle du thorium C et de l’actinium C (antérieurement nommés thorium D et actinium D) avec le thallium [25]. L’isotopie du polonium et du radium A a été prouvée par Muszkat et Herszfinkiel [26][1].

L’isotopie du radium B et du plomb a été confirmée par les expériences de Klemensiewicz, où une solution de nitrate de plomb contenant du radium B était secouée avec un amalgame de plomb ; après cette opération la concentration de Ra B relativement au plomb a été trouvée la même, à 0,5 % près dans la solution et dans l’amalgame [26]. Les mêmes expériences ont été effectuées avec le thorium B. Elles indiquent, d’après l’auteur, l’égalité des potentiels électrochimiques du plomb, du Ra B et du Th B à 2 x 10-5 volt près[2].

8. Radioéléments indicateurs. — La circonstance qui fait que certains radioéléments sont isotopes des éléments ordinaires : thallium, plomb et bismuth, a reçu une application intéressante. Hevesy et Paneth ont proposé d’employer ces radioéléments comme indicateurs très sensibles dans l’étude quantitative des éléments inactifs correspondants [27].

Pour le plomb, la limite inférieure de quantité pouvant être détectée par l’analyse microchimique a été évaluée à 3 x 10-9 gr. Quantitativement, on a pu déterminer la solubilité du carbonate de plomb, mais à peine celle du chromate de plomb. Ces déterminations ont été effectuées aisément sur des sels de plomb contenant du Ra D. Quand ce dernier est en équilibre avec le Ra E, ce qui est obtenu en quelques semaines, le rayonnement

  1. Ces auteurs signalent que l’isotopie du Ra A et du polonium peut faire défaut en présence de certaines impuretés telles que le mercure. L’interprétation des faits cités à l’appui demande à être précisée, d’autant plus qu’il s’agit d’expériences difficiles.
  2. Cranston et Hutton ont trouvé que lors de l’adsorption des corps B et C par l’hydrate ferrique précipité d’une solution colloïdale, la proportion est plus grande que dans la partie adsorbée. Cet effet est expliqué par l’adsorption des corps B et C sur les agrégats colloïdaux avant la précipitation [26].