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LA RADIOCHIMIE

l’eau et divers liquides, leurs températures de condensation sur des parois froides. Pour le radon pur on a déterminé la courbe de pression de vapeur saturante.

6. Groupes chimiques de radioéléments. — L’application des méthodes d’analyse chimique à l’étude des radioéléments nouveaux, depuis la découverte des premiers d’entre eux jusque vers 1913, a conduit à reconnaître que quelques-uns de ces éléments représentent des types chimiques nouveaux, tandis que beaucoup d’autres se rattachent à des types chimiques antérieurement connus, dont ils possèdent toutes les propriétés. Les éléments à individualité chimique nouvelle qui sont venus occuper les places vides de la classification périodique sont au nombre de 5 : le radium, son émanation ou le radon, le polonium, l’actinium et le brévium ou U X2 (ou bien le protactinium).

Le poids atomique du radium a été déterminé avec précision par les méthodes de chimie classiques, et son spectre est parfaitement connu. Pour le radon, obtenu à l’état pur, le poids atomique prévu par la théorie des transformations radioactives, a été confirmé par la mesure de la vitesse d’effusion et par des pesées directes [20] (voir p. 41) ; le spectre du radon a été l’objet de déterminations précises. Pour l’actinium on n’a obtenu ni le spectre ni le poids atomique ; la place qu’on assigne à cet élément est fixée par une étude laborieuse de ses réactions chimiques (A. Debierne) [6]. Le polonium a été obtenu en quantités qui sont à la limite des possibilités de pesée (M. Curie et A. Debierne) [20] ; on connaît, croyons-nous, quelques raies de son spectre ; la place qu’on lui attribue est déterminée par ses propriétés chimiques. Le brévium a été découvert à la suite de recherches, motivées par l’application de la loi de déplacement de valence lors des transformations radioactives (voir p. 44), et par là est fixée sa place. Il ne saurait être question de l’isoler, sa période étant de 1,2 m. seulement, mais on peut le séparer, en l’entraînant avec du tantale, dont il est l’homologue supérieur (Russell, Fajans et Gohring) [21].

En dehors des radioéléments ci-dessus considérés, tous les autres ont manifesté des propriétés chimiques extrêmement voisines de celles d’autres éléments, soit antérieurement connus, soit nouveaux, contenus dans les deux dernières rangées du système périodique, depuis le thallium jusqu’à l’uranium, (thallium, plomb, bismuth, polonium, radon, radium, actinium, thorium, brévium, uranium). L’analogie des propriétés s’est montrée si étroite qu’elle laissait conclure à une véritable identité, suggérant la notion d’un groupe d’éléments correspondant à un type chimique unique et occupant une seule place dans le système périodique. Ainsi s’est trouvé résolu