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CHAPITRE XI

POIDS ATOMIQUE ET NOMBRE ATOMIQUE


30. Poids atomique. — Il paraît évident, d’après l’ensemble des recherches sur les radioéléments et sur les éléments inactifs, que les poids atomiques chimiques ont, en général, la signification de valeurs moyennes, résultant d’un assez petit nombre de valeurs voisines qui forment un groupe. C’est ce groupe répondant à un type chimique déterminé qui remplace actuellement la notion de l’élément simple. Un groupe occupe une place de la classification périodique ; il est caractérisé par le nombre atomique N.

Les constituants d’un groupe ont des masses atomiques s’exprimant par des nombres entiers, sauf pour l’hydrogène, à la précision actuelle des mesures de masses par les rayons positifs. Quant aux poids atomiques chimiques, on sait qu’ils ne sont pas entiers, mais que les écarts sont moins grands et moins nombreux que ceux qu’on pourrait prévoir si la distribution était un effet du hasard. Certains éléments paraissent simples, autrement dit, le groupe correspondant n’a qu’un représentant (hélium, carbone, oxygène, fluor, etc.) ; d’autre part, plusieurs groupes sont composés de telle manière que l’un des constituants domine par rapport aux autres présents en faible proportion (argon, potassium, calcium, etc.). Tel pourrait être le cas de certains atomes de grande masse que l’analyse par rayons positifs montre simples, peut-être en raison de l’insuffisance de ses moyens : l’iode, le cæsium, etc.

Les écarts quelque peu importants entre les poids atomiques chimiques et les nombres entiers sont, en général, en accord avec l’analyse des masses, quand celle-ci a pu être faite, et indiquent un groupe complexe (lithium, bore, néon, magnésium, silicium, chlore, nickel, rubidium, mercure, zinc). On trouve aussi des groupes complexes comme celui du krypton correspondant à des écarts faibles. La proportion relative des composants d’un groupe, évaluée d’après l’intensité relative des lignes dans le spectre de masses paraît apte à rendre compte du poids atomique chimique. La