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CLASSIFICATION DES RADIOÉLÉMENTS

(ou Ur  X2). Cependant ces substances se trouvent dans les minéraux d’urane en proportion relativement moindre, par rapport à leur vie moyenne présumée, que les termes de la famille uranium-radium. La famille de l’actinium constitue, en effet, à partir de celle de l’uranium une bifurcation, dont le point de départ n’est pas encore absolument fixé, l’origine du protactinium pouvant être cherchée soit dans l’uranium I, soit dans l’uranium II, soit dans un isotope de ces corps.

L’uranium II, isotope présumé de l’uranium I (ou uranium ordinaire) n’est connu que par son rayonnement, et l’on n’a pas de confirmation chimique de son existence. Le poids atomique que lui attribue la théorie des transformations radioactives est 234,2 de 4 unités inférieur à celui de l’uranium I. Suivant les conditions d’origine, le poids atomique du protactinium et de l’actinium sont ou bien voisins de 234 et 230, ou bien de 230 et 226. La détermination directe du poids atomique qui résoudrait cette incertitude n’est pas à espérer à bref délai.

Dans chacune des familles uranium-radium, thorium, actinium, les poids atomiques se déduisent par application des règles de transformations radioactives, avec diminution de 4 unités de poids atomique pour chaque émission de particule , sans diminution pour une émission d’électron nucléaire. On arrive ainsi à fixer les poids atomiques de tous les radioéléments, sauf l’incertitude mentionnée en ce qui concerne la famille de l’actinium.

On ne possède aucune vérification précise de la règle ci-dessus énoncée. Les seuls poids atomiques que l’on puisse comparer sont ceux de l’uranium I et du radium, dont la différence n’est pas exactement de 8 unités, mais 8,2 environ. Si la différence ne dépend pas d’une petite erreur sur les poids atomiques de l’hélium, de l’uranium et du radium, elle ne peut s’expliquer davantage par la présence de l’uranium II qui est adjoint à l’uranium I en proportion de moins de 1 pour mille, avec un poids atomique inférieur. L’écart pourrait tenir à l’existence d’un isotope de poids atomique plus élevé que celui de l’uranium I et donnant naissance à la famille de l’actinium.

On peut, il est vrai, penser que l’expulsion d’une particule n’est pas nécessairement accompagnée d’une diminution de poids exactement égale au poids de l’atome d’hélium, toutefois, l’ensemble de nos vues sur la structure des atomes, ne fournit pas d’appui pour cette supposition.

La séparation même partielle de l’uranium II eût été d’une grande importance pour apporter une preuve de l’existence de ce corps et pour