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sion sont, au contraire, considérées par l’auteur comme ayant donné à peu près le rendement théorique, bien que la valeur de r n’ait pu être déterminée avec précision (r entre 1,3 et 1,5 ; réduction de volume comprise entre 500 et 10.000).

Stem et Vollmer ont effectué des expériences de diffusion sur l’hydrogène et l’oxygène, afin de rechercher si le rapport non entier des poids atomiques de ces gaz peut s’expliquer par l’existence d’isotopes de poids atomiques 2 pour l’hydrogène, 15 pour l’oxygène [96]. La diffusion a eu lieu au travers d’un tube de terre poreuse vertical, sous la pression constante du courant gazeux qui passait dans un manchon dans lequel le tube était fixé. Les expériences étant faites à la pression atmosphérique, il était à craindre que les conditions de mélange au contact de la paroi ne se trouvent imparfaitement réalisées. Pour éviter cet inconvénient, les auteurs ont procédé par entraînement du gaz diffusé au moyen d’un fort courant ascendant de vapeur d’eau circulant à l’intérieur du tube ; le gaz expérimenté passait à l’extérieur de celui-ci dans la direction opposée. Le volume du gaz était réduit au trentième environ par la diffusion, puis la portion non diffusée était soumise à l’analyse. Pour cela le gaz était converti en eau par combustion et la densité de l’eau obtenue était déterminée au moyen d’un pyknomètre, avec une précision estimée à 10-4 % et même davantage.

Des expériences préliminaires faites sur un mélange d’oxygène et d’hydrogène ont montré que l’efficacité de la méthode n’est pas celle qu’on prévoit si les vitesses de passage sont en raison inverse des racines carrées des poids moléculaires, mais que le résultat obtenu pour un rapport de volume n = 30 est le même que le résultat théorique prévu pour n = 8,5. C’est pourquoi, les auteurs ont remplacé dans le calcul de leurs expériences le vrai rapport des volumes 30 par ce nombre empirique 8,5. Les variations attendues de densité étaient 4,2 × 10-2 % pour l’hydrogène et 1,8 × 10-2 % pour l’oxygène. Mais la densité d’eau mesurée s’est montrée la même, à la précision de 0,6 × 10-4 % pour l’hydrogène et 10-4 % pour l’oxygène. L’effet obtenu est estimé inférieur à 1/700 de l’effet prévu dans le premier cas et à 1/180 dans le deuxième cas, de sorte que l’on ne peut attribuer à cette cause la valeur du rapport des poids atomiques. Cette conclusion est conforme à l’analyse des masses par les rayons positifs d’après laquelle l’hydrogène et l’oxygène sont simples. De plus, la présence d’un isotope d’hydrogène de poids atomique 2, en proportion suffisante pour porter le poids atomique moyen à 1,008, entraînerait l’apparition dans le spectre optique de satellites aux raies principales, ce qui n’a pas été mis en évidence par l’observation.