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molécules. Si celles-ci sont considérées comme des sphères élastiques, on trouve une valeur plus élevée qu’en admettant entre les molécules une loi d’action en raison inverse d’une puissance n de la distance ; l’effet s’annule même complètement pour n = 5.

L’effet de diffusion thermique a été mis en évidence par Chapman et Dootson [90], au moyen d’expériences effectuées sur des mélanges d’hydrogène et de gaz carbonique ou d’hydrogène et de gaz sulfureux. Le mélange gazeux primitivement homogène était contenu dans deux réservoirs sphériques en verre d’environ 100 cm3 de volume, qui communiquaient par un court tube muni d’un robinet à large voie. L’un des réservoirs était maintenu à la température de 230°, l’autre à celle d’une distribution d’eau courante. Le mélange de CO2 et H2 ayant été soumis au régime de diffusion thermique pendant plusieurs heures, on trouve que les proportions d’hydrogène et de gaz carbonique sont 45 % et 55 % dans le réservoir chaud, 41,3 % et 58,7 % dans le réservoir froid. La théorie montre que l’effet obtenu est à peu près la moitié de celui prévu pour le cas de molécules se comportant comme des sphères élastiques. Il en a été de même dans le cas du mélange de H2 et SO2. Ibbs [90] a confirmé les résultats ci-dessus et a montré, que conformément aux prévisions théoriques, l’équilibre de régime est réalisé en quelques heures.

Chapman a proposé l’emploi de cette méthode pour la séparation des isotopes. Quand la différence des masses moléculaires m1 et m2 est petite, on peut écrire, d’après cet auteur,


et sont les proportions des molécules m1 et m2 dans le récipient à la température absolue , et celles dans le récipient à la température absolue . Le coefficient applicable aux molécules considérées comme des sphères élastiques de même diamètre est déterminé, ainsi qu’il suit, par le rapport

.

Dans le cas du néon naturel, posant m1 = 20, m2 = 22, = 0,9, = 0,1 et supposant T = 80° (température de l’air liquide), = 800° (soit 527° degrés centigrades), on trouve