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Cet auteur a centrifugé du mercure au moyen d’une machine tournant à 2.300 tours par minute, munie de tubes d’environ 20 cm. de longueur, ayant leurs extrémités distantes de l’axe d’environ 7 cm. et 26 cm. ; la contenance de chaque tube était de 13 cm3. L’écart des densités extrêmes devait atteindre, d’après les prévisions 8,8 10-6. En séparant le contenu en 3 portions, on espérait observer un écart 5,9 10-6, tandis que la précision réalisée sur la mesure de la densité pouvait atteindre 1 10-6. Ici encore le résultat a été négatif, le temps accordé à l’expérience étant environ 8 heures, durée que l’auteur estimait suffisante pour l’établissement de l’équilibre, d’après la valeur présumée du coefficient d’interdiffusion du mercure. (Ces prévisions semblent entachées d’erreur, car la durée nécessaire dans le cas des tubes employés devait être de l’ordre d’une dizaine de jours pour obtenir la moitié de l’effet prévu). On a supposé que l’insuccès pouvait être dû à la vibration de l’appareil, laquelle n’avait pu être supprimée. L’expérience de contrôle suivante a été faite. On disposait d’échantillons de mercure de densités légèrement différentes, obtenus par des méthodes qui seront décrites plus loin. On a rempli, par moitiés, un tube avec des mercures ayant un écart de densité égal à . Après une demi heure de rotation accompagnée de vibrations légères, les densités examinées ont été trouvées identiques. Si, avec le même remplissage, le tube est laissé au repos, les neuf dixièmes de l’écart des densités subsiste encore après une heure, et l’uniformité de concentration est rétablie en 8 heures environ, conformément aux prévisions de l’auteur. On doit penser que, même au repos, il existait des causes accélératrices de la diffusion telles que des différences de température ou des secousses accidentelles. Il paraît résulter de ces expériences que la méthode de centrifugation est sujette à des difficultés qui détruisent ou tout au moins diminuent son efficacité. De nouvelles expériences sont nécessaires pour voir si ces difficultés peuvent être surmontées.

44. Diffusion thermique. — Le phénomène ainsi désigné a été étudié par Enskog et par Chapman [90] qui ont montré qu’un mélange gazeux dans lequel est établi un gradient thermique, ne reste pas homogène, mais que les molécules de masse plus petite se concentrent dans les régions de température plus élevée et inversement. Cette séparation partielle qui a reçu le nom de diffusion thermique est limitée par le phénomène de diffusion ordinaire qui tend à rétablir l’uniformité du mélange, d’où un état stationnaire faisant intervenir, pour les deux gaz considérés, le coefficient d’interdiffusion à température constante D et le coefficient de diffusion thermique . Le calcul de dépend des hypothèses faites sur le comportement des