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La première catégorie est spéciale aux radioéléments et doit être examinée comme telle ; les deux autres catégories s’adressent à tous les éléments, y compris les radioéléments. Tout phénomène de la deuxième catégorie doit, en principe, permettre une séparation d’isotopes. Les phénomènes de la troisième catégorie ne conduisent pas, en général, à une séparation s’ils se produisent dans des conditions soumises à des lois d’équilibre. Ils peuvent, par contre, conduire à des séparations par l’emploi de méthodes dynamiques qui utilisent directement la vitesse d’agitation moléculaire, considérée, d’une manière très générale, comme une vitesse de réaction. C’est pourquoi il convient, de traiter ensemble ces méthodes, en les détachant des groupes 2 et 3, pour former un groupe 4.

39. Séparation des radioéléments isotopes par provenance ou par différence de vie moyenne. — Les radioéléments isotopes peuvent être obtenus séparément, soit dès leur production, soit à partir d’un mélange, par différence de vie moyenne.

Alors que les éléments inactifs complexes se trouvent dans la nature à l’état de mélange de composition définie, mise en évidence par la constance du poids atomique chimique, les radioéléments se produisent à partir des deux éléments primaires, l’uranium et le thorium, et on les extrait couramment des minéraux qui contiennent ces deux corps.

Les minéraux d’urane sensiblement exempts de thorium se rencontrent dans la nature et fournissent tous les éléments des familles uranium-radium et uranium-actinium, à l’exclusion de ceux de la famille du thorium. Ainsi, on trouve dans le commerce du radium pratiquement exempt de mésothorium. On ne trouve pas, par contre, de mésothorium exempt de radium, car la monazite utilisée comme minerai de thorium et de mésothorium contient de l’uranium et du radium. On peut, cependant, obtenir le mésothorium sans radium, si au lieu de s’adresser au minerai, on extrait le mésothorium des sels de thorium du commerce. En ce cas, en effet, le radium et le mésothorium ont été séparés lors de la préparation, mais comme le premier se reforme très lentement à partir de l’ionium entraîné avec le thorium tandis que le second se forme beaucoup plus vite, l’opération est possible, bien qu’elle ne puisse fournir par an, que 10 % environ de la quantité qu’on trouve dans le minerai à poids de thorium égal.

On peut citer de nombreux exemples analogues. Le radium D mélangé au plomb dans le minerai, s’obtient à l’état pur, non sans difficultés, il est vrai, à partir du dépôt actif de l’émanation du radium. Les isotopes RaB, ThB, AcB s’obtiennent séparément, à partir des émanations qui leur donnent naissance (par l’intermédiaire des corps A).