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L’ISOTOPIE ET LES ÉLÉMENTS ISOTOPIQUES

méthode qui utilise la mesure du courant de charge, est particulièrement adaptée à cette détermination. Toutefois, l’évaluation des intensités relatives présente des difficultés qui n’ont pas encore été surmontées dans tous les cas. Là où les écarts d’une certaine importance subsistent, on peut attendre des résultats nouveaux par le perfectionnement des méthodes de l’analyse des masses aussi bien par les rayons positifs que par les méthodes chimiques. Ces dernières sont loin d’être toujours très sûres. Tout récemment le poids atomique du bismuth a été augmenté d’une unité entière.

L’interversion potassium-argon est conforme aux proportions relatives des deux isotopes dans chaque groupe. Il peut en être de même pour les autres interversions (I — Te, Co — Ni) et il paraît plutôt étonnant que le nombre d’interversions soit aussi limité. On doit en conclure qu’il existe certainement des lois qui règlent la probabilité d’existence des isotopes dans chaque groupe, de manière à assurer une progression régulière du poids atomique moyen avec le nombre atomique.

Les écarts les plus notables entre le poids atomique chimique et les prévisions du spectre de masses se présentent pour le bore, le krypton, le xénon et le cæsium.

  000P 000 Moyenne d’après
le spectre des masses
000 Différence 000 Différence %
Bore 
010,90 010,75 ± 0,07 0,15 1,37
Krypton 
082,92 083,50 ± 0,3 0,6 0,72
Xénon 
130,20 131,30 ± 0,3 1,1 0,85
Cæsium 
132,81 133,00 ± 0,3 0,2 0,05

Ces considérations n’ont de valeur qu’en tant que les poids atomiques chimiques peuvent être considérés comme des nombres constants. L’expérience des chimistes est assurément en faveur de cette hypothèse, car s’il existait une variabilité avec les conditions de travail chimique, elle aurait probablement été aperçue dans les analyses, tout au moins pour les éléments les plus connus tels que l’oxygène, le chlore et l’argent.

Un peu autrement se pose la question d’écarts possibles liés à la provenance d’un élément, car on peut supposer avec quelque vraisemblance, que, dans bien des cas, les éléments soigneusement examinés dans divers laboratoires ont pu être originaires des mêmes sources.

L’idée d’une certaine variabilité du poids atomique suivant la provenance avait fréquemment été prise en considération par les chimistes.