très-maigres cependant ils ne meurent jamais de faim. Il n’y a qu’une chose contre laquelle ils ne peuvent résister, ce sont les chasse-neige qui détruisent quelquefois des troupeaux entiers de deux mille chevaux. Le chasse-neige est un affreux tourbillon de neige qui vous enveloppe en commençant par les pieds et finit par monter par-dessus la tête. Une fois qu’on est pris, il est impossible de reconnaître la direction dans laquelle on marche, et on a vu de pauvres soldats périr à cinq pas de leurs tentes, sans avoir pu retrouver leur chemin. Il saisit d’abord les pieds et les jambes, et les gèle ; la victime éprouve des bourdonnements dans les oreilles, son corps s’affaisse, et au bout de quelques instants elle a cessé de vivre.
64 En pensant aux revues auxquelles j’ai assisté, je n’oublierai jamais l’effet que produisit sur moi la première que je vis accompagnée d’une cérémonie religieuse. C’était à Krasni-Sélo. J’arrivai, avec une dame de mes amies, au moment où l’Empereur passait dans les rangs accompagné d’un nombreux étatmajor. A mon arrivée plusieurs princes, aides de camp de Sa Majesté, par une exquise politesse, se détachèrent de sa suite, vinrent au-devant de moi et me conduisirent vers la tente où se trouvait l’Impératrice et toute la cour. Lorsque l’Empereur eut fini, il vint se placer près de la tente, et je me trouvai à
