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C’est une grande croix de bois, simple et vieillie !

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Quand mon souvenir, comme un doigt, tourne les pages anciennes du livre de ma vie, je la revois toujours cette croix, là-bas, le long du chemin aux ornières profondes. Il faut qu’elles aient une âme, les choses, pour que leurs images, parfois s’incrustent dans notre âme à nous, comme un lichen dans la pierre !

Chaque année, quand juin ramenait le soleil chaud, les fraises et la liberté, on m’envoyait chez grand-père, à Saint-Norbert d’Arthabaska. Sitôt que le train, sortant des savanes toutes riantes sous la blancheur des sureaux fleuris,