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dèrent le souvenir de l’aventure du maçon, mais la nouvelle génération n’y croyait plus guère. La pluie succédant au soleil et la neige à la pluie, il arriva que, de plus en plus, les pierres qui formaient la base de la niche firent saillie et menacèrent de s’écrouler.

Le conseil de fabrique s’émut. Comme vingt ans plus tôt, et dans le même coin de la sacristie, le vieux rosier de la Vierge fut encore condamné et l’on chargea cette fois de l’exécution, le bedeau de la paroisse.

Nazaire Savard, le bedeau, solide gaillard dans la quarantaine, avait fait les cent coups dans les chantiers du Saint-Maurice. Fatigué de la hache et de la drave, il s’était marié aux Trois-Rivières et s’en était venu finir ses jours — au sec et au chaud — dans la sacristie de l’Ancienne-Lorette. Il habitait maintenant une maison de bois en face de l’église, et, devant sa porte, sept ou huit petits Savard, tous insécrables comme leur père, se roulaient dans la poussière.

La jupe noire que les bedeaux de ce temps-là nouaient à la ceinture par un cordon blanc ne lui allait guère !… Le beau surplis des fêtes n’arrivait pas non plus à épouser les courbes rares de son large dos. Alain le forgeron disait couramment que le sacristain avait l’air d’un gibier de