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Cette opinion cependant ne prévalut point à l’assemblée de fabrique puisque Pierre Gauvin, maître maçon, fut chargé, moyennant sept chelins et demi, de faire disparaître la cause du mal et de réparer la façade.

Il arriva un matin avec son apprenti pour commencer le travail. Les gens de la messe sortaient : vieilles en mantelet noir et coiffées d’une tartine crêpée, vieux courbés sur leur canne, jeunes filles riantes sous des chapeaux à fleurs. Une grande tristesse descendit sur tous ces visages à la vue du maçon qui malaxait son mortier. On s’arrêta pour voir.

Pierre Gauvin aidé de son apprenti, avait appuyé sa longue échelle et il montait maintenant, son oiseau sur l’épaule, une fiche de fer entre les dents. La silhouette blanche de l’homme éclatait sous le soleil de sept heures ; le fronton de pierre de la porte centrale, les pleins cintres des fenêtres anciennes, tout riait dans la lumière ; une forte brise agitait le rosier, le faisait frémir et chanter. La Vierge, elle, semblait regarder de ses yeux immobiles la suite des maisonnettes, la rue ensablée et montante, les bouquets sombres des bois de sapins et les toitures rouges des granges semées sur les coteaux, toute la belle campagne qui se creusait en val, à ses pieds…