Page:Marie-Victorin - Récits laurentiens, 1919.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les années passèrent. Rien ne changea à l’Ancienne-Lorette, sinon que les enfants devinrent des hommes, que les vieux s’en allèrent dormir sous terre et que le rosier poussa vigoureusement ses racines dans toutes les fissures de la pierre. Moitié rampant, moitié grimpant il atteignit la niche ; quelques rameaux graciles y pénétrèrent, et bientôt entourèrent de leurs bras caressants la Vierge des Hurons qui, souriante, laissa faire, et continua de ses deux doigts levés, à montrer le ciel !

Tous les automnes, le rosier livrait une à une et comme à regret ses folioles jaunies aux vents froids, puis, courageux, faisait tête aux rafales terribles accourues des Laurentides, fouettait le mur glacé, usait son écorce et ses épines aux aspérités de la pierre… À de certains matins, il endossait une blanche livrée de givre qu’il dépouillait ensuite aux approches de midi. Si le jour devenait un peu tiède, la neige du toit commençait à pleurer et les dégouttures du clocher paraient l’arbuste d’une miraculeuse floraison de cristal où les rayons du soleil venaient s’ébattre dans les sept couleurs de l’arc-en-ciel !