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la sueur du jeu, nous nous groupâmes sur les cinq marches qui conduisaient dans le parterre, tout parfumé ce soir-là de la forte haleine des muguets et des pruniers en fleur. Et grand’mère étant allée quérir son tricotage, nous raconta l’histoire du rosier.

Je vous la transcris fidèlement.



Il faut d’abord savoir que si l’Ancienne-Lorette est aujourd’hui un petit village bien français et le plus tranquille des villages, il n’en a pas toujours été ainsi. Les pauvres débris de la nation huronne, chassés des rivages de la Mer Douce par les féroces Iroquois, vinrent d’abord se réfugier à la pointe ouest de l’Île d’Orléans. Traqués jusque dans cette retraite par la haine attentive de leurs ennemis, ils furent ensuite placés sous la protection immédiate du canon français, aux portes mêmes de Québec et plus tard, à Sainte-Foy. Mais il semblait que le sort de la tribu était de ne pouvoir fixer nulle part ses wigwams d’écorce et bientôt, conduits par leur saint missionnaire le P. Chaumonot, les Hurons passèrent dans la seigneurie de Saint-Gabriel que les Jésuites possédaient à trois lieues de Québec et qui n’est autre que l’Ancienne-Lorette. La bourgade fut d’abord