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Durham maintenant ne doutait plus. Il savait à n’en pas douter que la petite main qui jouait fiévreusement dans les dentelles du tablier était celle-là même qui avait écrit le Thou liest, Durham ! Mais elle était si crâne, la petite Canadienne française, et si évidemment sincère qu’il ne lui en voulait plus, et qu’au-dessus du gentilhomme qui respectait la femme et le geste, il y avait l’homme attendri qui pardonnait.

Aussi, relevant sa belle tête de patricien il ajouta :

— Je vous remercie, miss, de l’attachant récit que vous venez de me faire et qui m’a remué. J’ignorais que ce pays nouveau eût des annales déjà si glorieuses… Vous y mettiez tant de chaleur que, vraiment, je me demandais en vous écoutant si vous racontiez quelque chose ou… si vous plaidiez une cause !

Aux derniers mots, Durham s’était levé. Thérèse fit un pas en avant et, frémissante :

— Je plaidais une cause en effet, Excellence, celle des miens, celle de l’héroïsme français et de son droit au respect, à l’espace, à la survivance, à la liberté !…

Tendant à la jeune fille le papier qu’il tenait toujours en main :