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Petit à petit, les bougies se consumèrent, atteignirent le fond des godets de bronze et moururent. Petit à petit l’ombre prit possession de la pièce, submergeant les meubles, les livres, les bibelots sur la cheminée, les léopards héraldiques, ne respectant que le rectangle du parquet où jouait la lune.

Durham dormait toujours.

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Les cris joyeux des hirondelles se poursuivant dans la lumière du matin réveillèrent le noble Lord. Surpris, il fut quelque temps à se rendre compte qu’il avait dormi sept heures à sa table de travail. Les papiers avaient été un peu dispersés par les souffles de la nuit et à portée de sa main la plume se couchait sur le dernier feuillet. Il la remit dans l’encrier d’un geste machinal et ses yeux naturellement amenés sur la page blanche lurent avec stupeur au-dessous des derniers mots de sa main : « Ils sont un peuple sans histoire et… » ces autres, écrits d’une plume gorgée d’encre, en grosses lettres fortement appuyées : « Thou liest, Durham ! »

Et ce terrible post-scriptum était signé : Madeleine de Verchères.