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sur de petits ponts de bois d’un archaïsme charmant. Derrière les feuillages, on devine plutôt qu’on ne voit des maisons retirées et d’antiques moulins bâtis au temps des Français. Voici le hameau des Saules, carrefour de rivières et de routes où, tout le jour, devant la boutique du maréchal-ferrant défilent, au pas, les voyages de foin descendant de l’Ormière.

Tournez à gauche et prenez vers l’Ancienne-Lorette. Le paysage s’agrandit. D’un côté, l’église de Sainte-Foy s’agenouille à flanc de coteau et vers le nord, sur les premières pentes des Laurentides, comme des bijoux d’argent sur un écrin vert, les clochers des deux Lorettes brillent dans la montée des arbres innombrables.

Le chemin va tout droit entre de vieux saules et de grandes maisons dérobées derrière un joli parterre et une haie d’aubépine. Arrêtez ! Voici à cent pas vers la droite la maison des Hamel. On l’appelle comme ça par ici. Elle est petite et nue ; des planches pourries, clouées de travers, condamnent la porte et les fenêtres. Il n’y a pas d’arbres alentour. Les herbes dures, maîtresses de l’avenue, cachent les ornières. L’oseille sauvage et les verges d’or ont envahi le jardin devant la porte, et seuls, rappelant des cultures anciennes, de vieux rosiers, bardés d’épines, fleurissent encore près du ponceau vermoulu et de la