Page:Marie-Victorin - Récits laurentiens, 1919.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

dernier rais d’or fit scintiller l’objet et nimba un instant la pauvre figure de l’homme.


Sans mot dire, il marcha au mur, planta un clou à la suite des autres et y suspendit un petit chapelet d’étain.

— Que fais-tu là, Jean-Baptiste ?… Pour qui est ce onzième chapelet ? demanda le curé, comprenant à demi.

Lévesque se retourna. Dans ses grands yeux doux brillait la flamme de ceux qui viennent de vaincre. Il regarda sa femme qui lui sourit, rougissante, puis il répondit en posant son marteau sur la huche :

— « C’est pour Harry Bishop, monsieur le Curé !… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Vers neuf heures, ayant consciencieusement vidé leurs bourses entre les mains de Lévesque ahuri, les deux prêtres descendirent vers Ville-Marie. Le soleil était disparu et le bleu du ciel se fonçait rapidement. Les sous-bois se peuplaient d’ombres opaques et, dans les brûlés quelques vaches retardataires faisaient encore sonner leurs clochettes en arrachant en hâte les dernières bouchées.