bien content de pouvoir vous remercier de vos bontés pour la famille.
Déjà, discrètement, la mère, la grand’mère et la petite Marie se multipliaient pour faire face à la situation inattendue : donner à manger à deux messieurs prêtres !
— Ne parlons plus de ça, Jean-Baptiste, continua le vieillard. Comment te trouves-tu au Témiscamingue ?
— Pas riche encore, comme vous voyez. Mais le bon Dieu nous a aidés et les enfants ont toujours mangé trois fois par jour.
Et le colon, heureux de pouvoir s’épancher dans un cœur ami, se mit à raconter l’histoire, toujours la même, des vaincus qui vont recommencer leur vie dans les pays de colonisation.
— Quand je suis parti de Saint-Hilaire, vous m’avez dit que vous penseriez à moi. Je crois que vous y avez pensé en effette !
— Cela va sans dire !… Et la preuve que je ne t’ai pas oublié, c’est que me voilà… As-tu un bon lot ?
— Un bon lot, oui. Je devrais dire deux, puisque monsieur le curé de Mont-Carmel m’en a fait avoir un autre pour mon Joseph. C’est un vaillant petit gars que j’ai là, vous savez !… Il travaille avec moi dans le brûlé toute la journée, et