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Tu nous quittes donc aujourd’hui, mon pauvre Jean-Baptiste ?…

— Il le faut bien, monsieur le Curé !… Je n’ai plus rien à moi à Saint-Hilaire.

— Pauvre Jean-Baptiste !…

— Oui, c’est vrai, je suis bien à plaindre. Un homme tout seul, ça se réchappe toujours !… Mais avec sept enfants, ce n’est pas bien gai de s’en aller recommencer avec pas cent piastres dans sa poche !…

— Ton frère a donc été dur jusqu’au bout ?…

— Jusqu’au bout !… Il n’a même pas voulu me laisser prendre la voiture, — ma voiture — pour gagner la station. C’est Pierre Larivée qui nous mène… C’est dur, monsieur le Curé, d’avoir travaillé pour rien, quinze ans de temps !… Je veux bien que le Bon Dieu lui pardonne,