Page:Marie-Victorin - Récits laurentiens, 1919.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

présente mon notaire, M. Forest, qui est prêt à bâcler l’affaire immédiatement. Voulez-vous que nous allions un peu voir le terrain ?

— Certainement, je me ferai un plaisir de vous accompagner. Mais je vous répète que ma terre n’est pas à vendre, tant que je vivrai et que mes fils auront leurs deux bras.

Les trois hommes s’engagèrent dans le sentier qui conduit derrière les bâtiments. La vue s’étendait de là sur les champs frais moissonnés, hérissés d’un chaume court et doré. Les fossés profonds et parfaitement alignés couraient vers l’est jusqu’à la lisière du bois où tremble le feuillage léger des petits bouleaux blancs.

— Superbe ! murmurait entre ses dents l’agent d’immeubles.

— Vous avez là, monsieur, une terre qui a toujours été parfaitement cultivée par les vieux et que je tâche d’entretenir comme eux. Vous ne trouverez pas un bas-fond, pas un endroit inculte. Quinze jours plus tôt, ce champ là-bas, vous aurait montré ce que la terre rend à ceux qui lui donnent le travail et la fumure. Tenez ! il fallait voir, au mois de juillet, cette pièce de trèfle entre les deux ormes ; c’était blanc et fourni comme le dos des moutons !…

— Vous allez jusqu’au bois ?