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Alors, une petite voix claire et indécise s’éleva derrière lui :

Pépére ! venez souper !

Subitement arraché à son rêve et à sa peine, le vieillard prit le petit Joseph dans ses bras et rentra.

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Les après-midi de dimanche ont une douceur exquise au cœur de l’automne. Ce n’est plus la fournaise de l’été, et la froidure n’est pas encore venue fermer les portes et jeter des châles sur les épaules des femmes. Sur la galerie des Delage on a sorti toutes les berceuses et tous les fauteuils. L’aîné des fils, Joseph, est là avec sa famille. Les enfants jouent à cache-cache sous la tonnelle, courant dans l’herbe et jusque sur le chemin. À un bout de la galerie les femmes causent avec animation, tandis qu’à l’autre extrémité Basile et Joseph encadrent le père et devisent des travaux de l’automne. Les autos se suivent sur la route sans cesse parcourue par de petits nuages de poussière : petites machines portant des familles bourgeoises qui profitent des derniers beaux dimanches ; touring-cars et luxueuses limousines courant à grande allure vers la frontière : défilé monotone, étourdissant, auquel