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La journée, une claire journée d’automne, s’achevait dans la fraîcheur. Lentement la charretée d’avoine remontait le chemin herbeux qui, du bout de la terre, conduit à la maison. Assis commodément entre les échelettes, le père Félix Delage jouissait de la sérénité de l’heure et plus encore de la délicieuse fatigue, lot privilégié du travailleur de la terre.

À ses pieds son fils Basile, la fourche à la main, conduisait le cheval. Comme ils tournaient au coin de la grange, le père s’exclama :

— Regarde, Basile, c’est fait ! François Millette a vendu sa terre !

Et d’une voix altérée, le vieux répéta :

— Il a vendu ! Il a vendu !

Là-bas, de l’autre côté de la route, sur une énorme affiche appliquée contre le ciel bleu, les caractères démesurés de la banale réclame s’ali-