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CROQUIS LAURENTIENS

qui s’appellent et se suivent comme des caresses, et par les flots d’or du soleil éclatant au milieu d’un ciel sans nuages »… Arthur Buies, qui a écrit ces lignes, pourrait encore les signer après trente ans écoulés : le silence et les flots sont restés les mêmes, attentifs, retenus.

O. M. I. et H. B. C. !… la foi et le lucre, les chevaliers de Notre-Dame et les magnats de la fourrure ! Vraiment, le contraste est parfait et frappe les moins prévenus. Il faut reconnaître que la grande compagnie possédait supérieurement l’art de choisir ses postes de traite. Les sauvages descendus de l’Abitibi, du lac Temagami, de la Kinojévis, de l’Harricana et de la Nottaway, devaient nécessairement passer cet étroit goulet où la compagnie les attendait. Here before Christ ! Cette ironique traduction du sigle de la Compagnie : H. B. C., s’est trouvée encore vraie au Témiscamingue. Le poste est aussi vieux que la puissance anglaise au Canada, et ce ne fut qu’un siècle plus tard, en 1863, que la croix parut sur la colline en face du Fort, pour parler à la race condamnée, le langage d’amour et d’espérance éternelle qui trouve si facilement un écho dans les âmes primitives.

Mais le Christ — maître des siècles à venir — a sa revanche splendide. Bien que nous ne la voyions pas, nous savons que derrière ces promontoires abrupts s’étend une terre merveilleuse,