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CROQUIS LAURENTIENS

leurs empreintes : nous n’avons rien pour les remplacer. Et puis, après tout, n’est-ce pas la science qui radote ? La poésie, comme la jeunesse, n’a-t-elle pas toujours raison ?…




La Pointe-des-Monts


Avec la Pointe-des-Monts, nous quittons le Golfe pour entrer tout de bon dans le Saint-Laurent, mais un Saint-Laurent encore sans barrière, vaste, royal. Durant la nuit, le Savoy a pris au Nord et ce matin nous longeons la côte à quelques milles.

Le soleil luit sur une mer gris perle qui baigne un rivage de granit. Il touche de sa baguette ce qui n’est en somme qu’une affreuse solitude, et aussitôt, à l’horizon, la mer verdit, la mort s’anime, et le silence lui-même prend une voix !…

Le phare de la Pointe-des-Monts ! Cette nuit il brillait de sa propre lumière et son œil puissant fouillait l’ombre hostile, mitraillait les ténèbres. Comme le jour montait, il a baissé sa paupière cyclopéenne pour dormir un peu pendant que le soleil éclate sur la blancheur de la tour.