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CROQUIS LAURENTIENS

armoire, à côté de l’Évangile et de l’imitation, l’urne traditionnelle : Eau du Rocher Panet ! »

Et voilà !

J’ai voulu voir par moi-même la mystérieuse empreinte et la source légendaire. Il faut un certain courage pour affronter la boue mucilagineuse que le baissant laisse autour de l’îlot. J’ai examiné avec soin et mis beaucoup de bonne volonté à me pénétrer de l’esprit de la légende.

Vraiment, j’ai honte de porter la main sur la croyance chère aux l’Isletains et de contribuer pour ma part à ruiner l’une de « ces délicieuses histoires du peuple » dont parlait Nodier ! Tout de même, voici, pour ceux que la vérité préoccupe plus que la légende.

Le Rocher Panet appartient aux groupes de strates cambriennes dites de Kamouraska. Ces strates sont des quartzites, ou des conglomérats dont la matrice contient de nombreuses inclusions calcaires ou granitiques. La forte inclinaison des couches détermine la formation d’auges, de replis qui drainent et retiennent l’eau de pluie. La célèbre source n’est autre chose qu’un de ces replis où l’eau séjourne… aussi bien qu’ailleurs ! Elle n’a rien d’impressionnant, et j’avoue qu’il a fallu que l’on me dise :

— C’est ça, la source !