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LA MONTAGNE DE BELŒIL

qu’il faut venir voir l’ancolie balancer ses cornets écarlates sans cesse frissonnants sous la caresse passionnée des oiseaux-mouches ; ici encore que l’on peut voir les clochettes bleues des campanules penchées sans peur au bord des précipices !

Le soir venu, on les voit, les naturalistes, se promener devant la gare, en marge des autres touristes, poussiéreux, piqués, fourbus, mais heureux des riches trouvailles qu’ils serrent précieusement sous le bras et des charmants tableaux qu’ils emportent au fond des yeux.


Le lac Seigneurial de Saint-Bruno

Avril. Tout frais libéré de la dalle de glace qui pesait sur lui depuis cinq mois, le lac riait hier de toute la joie de ses eaux neuves, bleues d’un bleu d’acier. Les petites vagues léchaient alertement les derniers croûtons de glace poussés sur le rivage, et qui, sur l’autel du printemps, sacrifiaient au soleil leurs âmes fugaces de cristal !

En cette saison, les bois de montagne laissent voir des lignes et des couleurs que le vrai printemps et l’été cèleront sous la prodigalité des frondaisons. Ainsi, sur les flancs du grand vase