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CROQUIS LAURENTIENS

naisseur les signes avant-coureurs « qu’elle va partir ». La glace, en effet, pour les Longueuillois, c’est presque une chose vivante qui va et vient, arrive et part, comme les oiseaux. On en jouit, on s’en sert ; c’est une compagne, une amie. Il y a des jours où, scintillante et adamantine, elle n’a que des sourires ; d’autres où elle se fait coléreuse et barbare, où elle écrase et dévaste.

Et c’est pour cela que les vieux ne se lasseront pas de venir « la voir », de tâter son pouls, jusqu’au jour où le soleil, vainqueur et rajeuni, pour retrouver son miroir, la chassera vers le golfe lointain…