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LA CHANSON DE LA NEIGE

Et parce qu’elle aime le silence, doucement, bien doucement, en leur mettant sur la bouche ses millions de petites mains, elle fait taire les ruisseaux, la neige qui tombe, muette et blanche, sur nos champs !…


IV


La neige tombe, muette et blanche, la neige
tombe sur nos habits !


Miniatures d’étoiles, phalènes minuscules, effilochures de tissus célestes et inconnus, ces choses jolies, et légères, et mouvantes s’accrochent à notre coiffure, atterrissent sur nos épaules, se jettent dans nos bras. Leur multitude nous fait sentir notre isolement, leur richesse de forme et leur blancheur déconcertent notre pauvreté et nos souillures.

Petit flocon de neige, là, sur mon bras, comme tu dois en connaître des choses de la terre, du ciel et de la mer !… Qui es-tu ?… D’où viens-tu ?… Serais-tu une goutte d’eau peccamineuse condamnée par le Maître de la nature à errer, travestie en étoile, sous des ciels boréaux ?… Il y a des jours, des mois peut-être, sous la coupole de feu d’un ciel équatorial, tu jouais, goutte de lumière, bijou liquide, sur les fleurs de pierre d’un rivage de corail. Aspirée dans un rayon de soleil, tu t’es