II
Tout l’hiver, les ormes ont dessiné sur nos ciels pâles, la courbe émouvante de leurs têtes d’ancêtres, les unes dressées en palmes, les autres retombant en bouquet, les unes mutilées et difformes, les autres saines et entières, imposants témoins de la puissance génératrice de la terre garrottée par l’hiver, gardant presque seuls, au milieu de la blancheur universelle, les droits jamais abolis du noir !
les ormes.
III
Avril ! Avril ! Victoire ! La neige disparaît, marmottant effrontément un air gamin ! Les corneilles reviennent « du fond du gouffre noir saluer le pays » ! Les premiers merles promènent à pas rapides sur les gazons fanés, leur plastron roux ! Les ormes, alors, tout d’un coup, se mettent à fleurir par toutes les cicatrices de leurs milliers de ramuscules : par millions éclatent les petites fleurs à qui le soleil suffit et qui n’ont pas besoin des bons offices du vent pour accomplir leur rite hyménal. Fleurs invisibles d’en bas, faites pour d’autres yeux que les nôtres, pour les petits yeux