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CROQUIS LAURENTIENS

voici trois canards noirs qui battent l’air au-dessus des dunes. Ils ne vont pas loin, car ils ne volent pas en V. En effet, ils s’abattent sans hésitation sur l’un des innombrables étangs. La Providence ne fait rien d’inutile. Les dunes sont sans doute la Terre Promise, ouverte par Celui qui prend soin des oiseaux du ciel à la gent voyageuse des canards noirs, des sarcelles vertes et des milouins aux ailes rouges. Là, comme leurs sœurs les petites alouettes, ils ont à toute heure, table servie, avec entrée de mollusques, soupe aux fines herbes et dessert de goules noires !

Pendant ces faciles réflexions, le vent achève de balayer la brunie matinale, et Brion, lavé de neuf, surgit à dix milles au nord, souligné d’un trait de sable.

— Le voyez-vous, là-bas, au fond de l’horizon ?

— Quoi donc ?

— Le Rocher-des-Oiseaux !

En effet, à une trentaine de milles, noyé encore dans la buée légère des grands lointains, se dessine le fameux monolithe dont on nous a tant parlé. Le sort voudra que nous n’atteignions pas ce récif, qui n’a que sept acres d’étendue, mais qui s’élève tout droit de l’abîme jusqu’à une hauteur de deux cents pieds, et où niche, piaille,