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LE VIEUX LONGUEUIL

à leur absorbante occupation, ils n’ont pas vu venir le canot ; mais au sonore bonjour de Charles Le Moyne, Paul de Maricourt et François de Bienville sont accourus, pieds nus, embrasser leur père. Deux hommes de guerre, deux bons serviteurs de la Nouvelle-France !…

Le Moyne, les petites mains de ses fils dans les siennes, monte le sentier, vers sa maison ; mais avant que d’entrer, il met genou en terre pour baiser au front la petite Jeanne, qui sourit aux anges dans le berceau de chêne porté en plein air. Ce devoir rempli envers le dernier venu du ciel, il embrasse l’épouse, prend le bébé dans ses bras robustes, et vient s’asseoir au foyer où François de Sauvole et Joseph de Sérigny sautent sur ses genoux. De Sérigny deviendra beau capitaine sur les vaisseaux du Roy, et le sieur de Sauvole, à côté du plus célèbre de ses frères, fera la grandeur de la France aux plages lointaines du Golfe du Mexique.

Le Moyne, tout à la douceur du soir, narre à sa femme les événements survenus à Ville-Marie depuis quelques jours : départs de missionnaires pour les pays d’en-haut, arrivées de vaisseaux du Roy ou de canots de traite, travaux de Monsieur de Chomedey, derniers actes passés par-devant messire Bénigne Basset.

— Mais où donc est Pierre ?