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CROQUIS LAURENTIENS

achève d’engloutir dans sa cale les barils de maquereau et les boîtes de homard, et que les voyageurs pressés peuvent commencer à se bercer de quelque espérance… à moins cependant que l’équipage ne décide d’aller faire un somme, auquel cas, bonnes gens qui pensiez coucher au Cap-aux-Meules ce soir, redescendez la passerelle, remontez en charrette ou en cab-à-rouet, et retournez chez vous pour la nuit !… Mais ne dormez que sur une oreille !…

Comme les soucis du départ ne nous intéressent pas encore, rentrons !…

C’est aujourd’hui dimanche, et la fête de l’Assomption — la fête nationale des Acadiens. Il n’y a pas eu de messe au Havre-aux-Maisons, car le prêtre qui dessert la paroisse en l’absence du curé, est allé porter aux isolés de la Grande-Entrée, qui n’ont pas vu de soutane depuis quatre mois, le réconfort de la parole de Dieu et du Pain de Vie.

Une Assomption sans messe en Acadie devrait être un jour sans soleil, et cependant il fait une adorable journée d’été, un dimanche recueilli, où les barges se reposent, le nez au sable. À dix pas, sur les vigneaux, la morue, ventre ouvert, rissole doucement… Il semble que le Havre-aux-Maisons soit mort ou dans le coma ! Erreur !