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CROQUIS LAURENTIENS

n’analysons pas nos joies, surtout celles des yeux !…

Au moment où je vais rentrer, arrive devant l’église un pittoresque véhicule : un deux-roues soutenant une simple plate-forme, tiré par un petit cheval. Sur la planche nue, trois jeunes filles en robes bleues comme le ciel tendu sur leurs têtes. Elles portent jeunesse dans les yeux et missel dans la main… Ce sont les sœurs d’Évangéline, bien sûr !… Ne les dérangeons pas et allons déjeuner !…

— Le Havre-aux-Maisons est depuis longtemps le centre intellectuel des îles, car, outre de belles et confortables écoles, il possède un modeste couvent de la Congrégation, où depuis quarante ans, de bonnes religieuses acadiennes étendent au milieu de cette vertueuse et lointaine population, l’œuvre admirable de Marguerite Bourgeoys. De ce couvent sortent toutes les institutrices en activité dans la région, sans compter les jeunes Madelinotes qui, éprises du sublime idéal religieux, ont fourni à la Congrégation Notre-Dame, des femmes de foi et de science, et porté bien loin de l’archipel les bienfaits de l’éducation chrétienne.

Je ne sais si le peuple canadien-français se rend bien compte de la dette accablante qu’il a