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LES MADELINOTS

La Messe de Minuit ouvre pour les Madelinots une période continue de réjouissances, qui ne se termine qu’au Mercredi des Cendres, et dont on peut dire, comme de la conscience du juste, qu’elle est un festin continuel. Chez cette petite population profondément traditionaliste, les usages ont cristallisé en des formes séculaires et parfois curieuses. Ainsi, à Noël, le fils, invariablement, déjeune chez son père. Celui-ci, à son tour, est l’invité de son fils pour le premier de l’an. Ce jour-là aussi, toutes les marraines des îles sortent du fond de leur coffre un beau pain de Savoie — un olaf — pour leur filleul ; le parrain de son côté, fait un petit cadeau. Comme partout, les enfants sont les rois de la fête ; ils reçoivent dès la première heure, une portion de dragées (le mot bonbon est inconnu). Ils vont ensuite par les routes voir leurs parents à tous les degrés et reçoivent de chacun une autre petite mesure de dragées. Le soir venu il y a grand tapage dans le Landerneau enfantin où l’on suppute, où l’on compare la moisson de friandises !

Pour le dîner du Jour de l’An, on s’invite de vive voix sur le perron de l’église, sur le chemin ou de voiture à voiture. Ces invitations ne se refusent pas entre bons amis. Comme partout, l’après-midi se passe en visites, et la soirée réunit toute la famille chez le grand-père.