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LES MADELINOTS

pement magnifique, favorisé par l’absence complète de parasites. Peut-être le jour viendra-t-il où les richesses du sol, s’ajoutant aux richesses de la mer, feront des Madelinots, des privilégiés de la vallée de larmes, des Édénites dont les malheurs historiques ont tout expié, et désarmé le bras du chérubin à l’épée de flamme !

Le lecteur se sera sans doute posé plusieurs fois cette question : Que font les Madelinots, l’hiver ? Je réponds : Ils font ce qu’ils n’ont guère eu le temps de faire l’été : ils dorment, ils mangent, ils s’amusent.

La pêche — je l’ai dit plus haut — est pratiquement finie en septembre, bien que les belles journées de l’automne trouvent encore les barges sur les fonds de morue. Le mois d’octobre est occupé par les corvées de labour et de battage, qui donnent lieu à des repas et à des veillées, modestes préludes des grandes réjouissances de l’hiver.

La Toussaint ! Le moment est venu de se préparer à l’hivernement. Selon un usage immémorial, les Madelinots achètent alors tout ce dont ils auront besoin durant l’hiver : habits, chaussures, charbon, farine, sucre, car, dès décembre, les relations avec la grand’terre sont complètement coupées, et l’on n’est jamais sûr que l’approvisionnement des marchands suffira.