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LES MADELINOTS

récolte est l’une des plus rudes besognes des Madelinots et des Madelinotes. Dans les bonnes années, une barque de deux hommes peut amener jusqu’à 40 000 livres de morue ; une journée de 1200 livres n’est pas rare. Cette pêche se continue pour quelques-uns tout l’été, et dans les belles journées de l’automne, parfois jusqu’à Noël.

Malgré toute l’ardeur avec laquelle les Madelinots se livrent à ces occupations successives, il m’a paru que ce qui les intéresse le plus, est le maquereau, ce beau poisson de mer aux flancs d’azur, que nous connaissons si peu dans le Québec. Dans les derniers jours de mai, alors que l’eau devient plus chaude, arrivent des mers du sud les mouvées de maquereaux. Pressés par l’instinct générateur qui les appelle sur les bancs de Miscou, ils passent aux Îles sans s’arrêter. Période fiévreuse durant laquelle tous les hommes sont sur l’eau, jetant et ramenant le filet — le maquereau de printemps se tient à la surface et ne mord pas à la ligne ! Au bout de cinq à six jours la manne est passée et vogue vers le nord. Mais vers la fin de juillet le frileux poisson abandonne les côtes du Labrador — sa villégiature d’été — et reparaît dans les eaux de la Madeleine, en route pour ses quartiers d’hiver. Il se tient à cinq ou six brasses de profondeur cette fois, et mord à la ligne. L’appât, une rondelle découpée