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CROQUIS LAURENTIENS

grappins, ses longues-vues. À partir du 10 mars une surveillance active s’établit. Des hauteurs des Demoiselles, de la Butte-Ronde, du Cap-Nord, du Cap-de-l’Est, des guetteurs fouillent le Golfe dans l’espoir de découvrir les troupeaux de phoques à la dérive sur les glaces. D’un bout à l’autre des Îles tout le monde est sur pied. Le téléphone joue sans discontinuer. À la moindre nouvelle on part. Les jours où le vent colle la banquise sur la Dune-du-Nord, on va à la découverte, on s’aventure jusqu’à dix, quinze milles sur les glaces mobiles. On revient bredouille. Deux jours, trois jours se passent. Tout à coup, grande nouvelle, qui se répand comme une traînée de poudre :

— Les loups-marins sont découverts !

— Où ?

— À la Pointe-au-Loup ! À la Pointe-du-Ouest ! À la Grande-Étang !…

— Qui a découvert les loups-marins ?

— C’est Dori qui les a trouvés à dix milles de l’Hôpital !

La chasse va commencer pour de bon. Depuis longtemps les escouades de huit ou dix hommes sont organisées : l’escouade des David, l’escouade à Grand Jean, etc.

À minuit on se lève. Des étoiles à plein ciel. Y a-t-il de la lumière chez les Turbide ?