Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
CROQUIS LAURENTIENS

la première fois, visité les Madelinots vers 1813, écrivait les lignes suivantes :

« Ces heureux colons, qui savent mourir sans médecins, savent aussi vivre sans avocats. Ils n’ont nulle idée de la chicane, non plus que de l’injustice ; si quelquefois il s’élève des contestations entre eux, elles sont aussitôt soumises à un arbitrage et terminées sans retour. Ils ignorent l’usage des clefs et des serrures, et riraient de celui qui fermerait sa maison autrement qu’au loquet, pour s’en éloigner de deux ou trois lieues ; si quelques hardes les incommodent en route, ils les laissent tout simplement le long du chemin, assurés de les y trouver à leur retour, n’eût-il lieu que le jour suivant. »

Cette coutume de laisser ainsi un vêtement gênant au bord de la route existe encore après un siècle de progrès ! Je l’ai vu pratiquer sous mes yeux. J’ai vu aussi dans la sacristie de la Grande-Entrée où aucun prêtre n’avait pénétré depuis quatre mois, la porte simplement fermée au loquet, et sur la table, bien en vue, les vases sacrés laissés à la garde solide du septième commandement de Dieu !

Les marchands des Îles de la Madeleine avancent aux pêcheurs, l’hiver, les diverses choses dont ils ont besoin. Il est inouï que l’un d’eux ait manqué à payer ses dettes. Si cepen-