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LES MADELINOTS

bancale : « se mettre au beau » qu’il serait déjà bien légitimé pour ceux que le glaive de fer-blanc des académiciens n’épouvante pas.

— Adèle ! passe donc la douceur à monsieur, pour qu’il adoucisse son thé. Vous allez goûter à mes tourteaux doux et à mes tourteaux blancs !

On ne parle que rarement de sucre chez les Madelinots, et seulement lorsque le sucre n’est pas encore incorporé à une autre substance. Presque toujours on dit douceur, doux, adoucir, et ces trois mots produisent souvent dans la phrase le plus pittoresque effet. Peut-être, cependant ont-ils un peu trop de sang britannique dans les veines, et il faut le regretter ! Il n’en est pas de même pour les tourteaux qui sont d’authentique roture française. Ce vieux mot, né de la huche et du four, désigne chez les Acadiens, comme chez les ancêtres du Perche et de l’Anjou, de petits gâteaux ronds, avec ou sans sucre — d’où tourteaux doux et tourteaux blancs.

Vous êtes maintenant sur le point de quitter les îles. Vos bagages sont sur le tchais et vous vous promenez en attendant le départ du bateau.