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CROQUIS LAURENTIENS

cher la petite charrue et l’arrache-souches. Mettez les instruments dans les deux chalands attachés au nord-est de la pointe. Quand tout sera prêt, tenez-vous avec Le Rouge derrière le mulon de foin et attendez là ! Vous allez venir avec moi pour un petit voyage !…

Fous de joie à la pensée de faire un voyage avec Maiakisis, les petits Indiens partirent en courant, comme deux faons à la recherche de leur mère. Deux minutes plus tard, le frère Mofette abordait le P. Pian qui disait son bréviaire, assis sur un banc à la porte de la Mission. La voix humble et les yeux brillants, il exposa pour la centième fois son projet de faire un morceau de terre à la Baie.

Le P. Pian était de mauvaise humeur ce matin-là. Il se fâcha tout rouge, et lui, le saint missionnaire, mort à tout et à lui-même, il envoya promener le pauvre frère en lui jetant ce qui suit ou quelque chose d’approchant :

— Vous me cassez la tête, à la fin, avec cette histoire ! Voulez-vous bien me laisser en paix !… Allez cultiver le Groenland si vous le voulez, mais ne me parlez plus de vos utopies !…

C’était une permission générale, n’est-ce pas ? dit en riant le bon frère, quand il raconte la chose. Aussi je ne me le fis pas dire deux fois. J’embarquai à la hâte le cheval, les outils et les provi-