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INTRODUCTION.

par «les Vallois», désignant collectivement Chitel et Latte, alors que le nom Vallois convenait à Sans-Vallois, « leValois d’amont », le seul authentique Vallois. Singularité comparable au cas du département du Var, qui, depuis qu’il a été amputé de l’arrondissement de Grasse, n’est plus arrosé par le petit fleuve auquel il doit son nom.

ANCIENNES CIRCONSCRIPTIONS CIVILES.

Le bourg de Plombières-les-Bains, tout proche de la limite méridionale du département des Vosges, est arrosé par l’Augronne, indirect affluent de la Saône. À la fin de l’Ancien Régime, l’agglomération principale, située sur la rive droite, appartenait au diocèse de Saint-Dié, qui venait d’être démembré de celui de Toul, tandis que, sur la rive gauche « une rue et plusieurs habitations », sorte de faubourg désigné sous le nom de Ban-d’Ajol, étaient du diocèse de Besançon.

On sait que les limites de nos diocèses avaient été réglées sur celles des antiques cités. D’autre part le nom de l’Augronne semble apparenté à celui des localités dénommées Aigurande, Igrande, Ingrande, Yvrandes, surtout Ingrannes[1] ; si l’on a discuté sur la forme primitive et le sens précis du mot auquel correspondent ces toponymes, personne ne conteste que le mot soit fort ancien, et que le sens s’adapte à la notion de limite. On peut conclure de là que, dès avant la conquête romaine, le territoire actuel de notre département des Vosges était partagé, très inégalement d’ailleurs, entre la Gaule Belgique et le pays des Séquanes. Signalons en passant la tendance, au temps même de cette conquête, à étendre l’appellation « Vosges » bien au delà de la zone montagneuse et forestière qu’elle désigne en propre[2]. Mosa profluit ex monte Vosego, qui est in finibus Lingonum, écrit Jules César : or la source de la Meuse est à 80 kilomètres du Ballon d’Alsace et à 125 du Donon.

À l’époque où fut dressée la Notitia provinciarum et civitatum Galliae, soit vers le début du {{s|v}, il y avait deux « Belgique : la cité des Leuques, avec Toul pour chef-lieu, appartenait à la première. Et Besançon était la métropole de la Maxima Sequanorum.

  1. M. Ferdinand Lot a fait bon accueil à cette manière de voir, dont nous nous étions entretenu avec lui ; il a même observé « que le nom est presque celui de l’Égrenne, qui, à Yvrandes (Orne) sépare encore les départements de l’Orne et de la Manche, comme jadis elle délimitait les diocèses de Bayeux et d’Avranches » (Romania, XLV, 494).
  2. À partir du xiiie siècle, elle désignera un archidiaconé et un bailliage dont la limite orientale s’appuiera sur la chaîne des Vosges, du Ballon d’Alsace au col de la Schlucht, tandis qu’à l’ouest, le ressort de l’archidiaconé dépassera Mirecourt, et celui du bailliage Neufchâteau. On voit qu’à la différence des appellations assignées en 1790 à presque tous nos autres départements, celle des Vosges se réclame d’une très vieille tradition.