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Chitel et de Latte, qui dépendent de la commune des Vallois. Avant 1790, il était lui-même un simple hameau constituant, avec ceux-là, la communauté des Trois-Vallois, donton peut voir le germe dans la mention, en 1497, du ban des Valoix. À notre connaissance il n’existe aucun exemple, antérieur à 1779, de l’expression Sans-Vallois, appliquée à la localité ; mais on a, touchant le surnom de Dommartin-les-Vallois, village voisin, où le Gené prend sa source, une documentation suggestive : en dehors de prope Vallox (1231), de selunc Vallox (1259), de sur Valloix (1402), nous relevons anson Valloix (1259), en sain Vaillois (1265), ensunz Valois (1284), ensunt Valloix (1427), ensem Vallois (1560), ensens ou enssens Vallois (1566). Au lieu de en sain, il convenait peut-être de lire ensam ; moyennant cette correction, l’on observe, comme dans les formes ultérieures, une altération du son nasal tonique de anson, laquelle n’a rien de déconcertant ; et nous proposons de reconnaître dans anson l’expression in summo, équivalant à sur, et ajoutant à l’idée de proximité, rendue par prope et par selunc, celle d’altitude supérieure, applicable en l’espèce, puisque Dommartin est en amont des Vallois. Sans-Vallois est de même en amont des deux autres Vallois, si l’on peut dire ainsi : sans serait donc, avec une légère variante, l’abrégé de ensens.

Le chroniqueur messin Philippe de Vigneulles, né en 1471, fait connaître, dans ses mémoires, que ses aieuls maternels habitaient au villaige de Noeroy devent Mets, on troupes c’on dit en son Noeroy[1]. Or, dans la table de l’édition qu’il a donnée, Henri Michelant interprète en son Noeroy par « en haut de Norroy[2] » ; il aurait pu considérer que le petit affluent de la Moselle qui arrose Norroy-le-Veneur passe, avant d’atteindre ce village, par le hameau de Senorroy : la locution « en Senorroy » répondrait bien au thème étymologique in summo Nucareto[3].

D’autre part, dans le département des Vosges, en amont de l’endroit, arrosé par le Bouchot, où la population, généralement très dispersée, du finage de Sapois, se condense quelque peu, se trouve un petit groupe d’habitations dénommé Cens-la-Ville : il est appelé Assen la ville de Sapoy en 1428 ; en 1433 est mentionnée une menantie seant au dessus de la ville de Sapoy, qui se dit la menantie d’Ensen la Ville ; dans une charte de 1434 paraît Jehan de Sapoy, dit d’Enson la ville ; et, en 1569, nous relevons Senslaville.

Mais revenons-en à Sans-Vallois. Ce hameau fut, en 1790, érigé en commune distincte ; l’expression « les Trois-Vallois » n’avait plus de raison d’être : elle fut remplacée

  1. H. Michelant, Gedenkbuch des metzer Burgers Philippe von Vigneulles (Stuttgart, 1852, in-8o), p. 1.
  2. Ibid., p. 429.
  3. La plus ancienne mention que le Dictionnaire topographique de la Moselle ait relevée de Senorroy est Senouroy (1674-1681).