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pervincaria ; le nom du roseau entre dans Rozières, ainsi que dans Rozerotte, où la terminaison diminutive n’est intervenue que dans les premières années du xive siècle.

Le suffixe -aria appelle une observation semblable à celle que nous a suggérée -etum : il ne s’est pas combiné seulement avec des noms de plantes. Les toponymes qu’il a formés peuvent intéresser le sous-sol, tel Plombières-les-Bains, et l’industrie, tel Thuillières, Teolarias au xie siècle, pour Tegularias. Il existe, dans les diverses parties de la France, bon nombre de toponymes formés, au moyen de ce suffixe, sur des noms d’animaux sauvages ou domestiques : construction qui a commencé de très bonne heure, témoin Cabrières (Hérault), castrum nomine Capraria, écrivait Grégoire de Tours. Dans lès Vosges il y a presque une vingtaine d’écarts dénommés la Louvière, et, anciens repaires du renard, un hameau dit Verpellière, et deux censes dites la Verpillière ou la Verpellière ; mais le seul vocable communal évoquant le séjour d’animaux, et, cette fois, aux fins d’élevage, est formé moyennant un suffixe différent : c’est, dans son premier terme, la Vacheresse-et-la-Rouillie ; v ccaritia figure dans un texte intéressant au premier chef l’économie rurale : le capitulaire De Villis.

Puisque nous avons fait allusion à la notion du sous-sol, citons Saulxures-lès-Bulgnéville et Saulxures-sur-Moselotte, venant de salsatura.

Noms d’origine romane.
(ordre ecclésiastique.)

Nous avons mentionné précédemment des toponymes dans le thème étymologique desquels le second terme est un nom commun d’établissement religieux, ecclesia dans Nompatelize, monasterium dans Bertrimoutier, Montmotier et Moyenmoutier. Ce dernier village s’est formé à l’ombre d’une abbaye célèbre, et, dans son cas -moutier a bien le sens de « monastère » ; dans les deux autres noms, ce mot ne peut avoir le sens que d’ « église » ; ajoutons qu’à Montmotier l’église aura disparu de bonne heure. ce lieu était au spirituel, comme aujourd’hui, une dépendance de Fontenoy-le-Château.

La notion d’ « église » a été parfois, à l’époque franque, exprimée par le mot basilica. M. Jacques Soyer, avec qui l’on doit tenir large compte de l’acception antérieure, purement civile, de ce terme[1], estime «indéniable cependant que le nom de lieu Bazoche ou Bazoches a été, dans certains cas, entendu au sens religieux du mot basilica ». Cette sage réserve s’indique pour Beton-Bazoches (Seine-et-Marne), conçu de même que Nompatelize et Bertrimoutier, et dans les cas où, écrit sans s finale, Bazoche ou telle de ses variantes est précédé de l’article la ; mais, sauf preuve formelle, comment

  1. Voir ci-dessus, p. ix.