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INTRODUCTION.

le suffixe -etum — ou etus — revêt d’ordinaire la forme -oy ou -ois, parfois -ay, ou, sous l’influence du son mouillé ou sifflant qui le précède, -y. Fays se prononce fé-i ; la localité est évidemment moderne, mais le nom s’apparente à Bonfays — également prononcé bon-fé-i — élément du vocable Legéville-et-Bonfays ; l’abbaye de Bonfays, de l’ordre de Prémontré, fondée en 1145, est appelée, en 1181, ecclesia Beatae Mariae de Bono Fageto. Sapois procéderait du nom originel du sapin.

On peut, aux noms qui précèdent, ajouter Punerot, intéressant de plusieurs points de vue : les formes Pruneriaco (avant 1087) et, un peu tardive, Prunelay (vers 1278) l’apparentent à prunus, dont les autres formes intervertissent la liquide et le son voyelle de la syllabe tonique — pareille interversion s’observe dans le nom, Pournoy, de deux communes de la Moselle — puis font disparaître cette liquide à partir du xvie siècle ; Purnerio, en 1057, atteste l’ancienneté de l’usage par lequel le langage vulgaire a préféré à prunus son dérivé prunarius ; dans Pruneriaco (avant 1087) se manifeste, comme, pour Aulnois, dans Alnaco (avant 1171) la confusion, échappée aux clercs, des suffixes -etum et -acus ; la transformation de la désinence -oi en{lié}}-ot, qui s’esquisse à partir de 1525 environ, est insolite ; on l’observe pourtant, depuis 1594, dans Mazirot, Maiseroy au xiiie siècle.

Ce dernier nom, il faut le dire, a été formé, non pas sur un nom d’arbre, mais vraisemblablement, sur maceria, « masure, ruine », nom commun représenté, dans la nomenclature cadastrale des Vosges, par Mézière et ses diminutifs Mazerule, Mazurure, Mazeliure, Mézelieure ; d’où il appert que le suffixe -etum n’a pas été combiné exclusivement avec des noms de végétaux : on lui doit, dans notre département, Fontenay et Fontenoy-le-Château, formés sur l’adjectif pris substantivement fontana, qui figure dans Bellefontaine, Biffontaine et Frémifontaine, sans parler des lieux dits, dont plus d’un est dénommé selon la syntaxe archaïque Abrifontaine, Humberfontaine, Martinfontaine. Nous craignons que M. Auguste Vincent ne se soit départi plus qu’il ne convient de sa coutumière prudence en matière d’hypothèse, en montrant dans le nom d’une de nos communes, les Vallois, un exemple — le seul — du suffixe -etum combiné avec vallis[1].

Avec des noms de plantes, le suffixe -aria se reconnait dans Bouxières, buxaria, qui a pour diminutif Bouxurulles, buxeriola ; dans Bruyères, dont Brouvelieures, Brueroles en 1178, est un diminutif : dans la Houssière, dont le nom est formé sur celui du houx, et s’apparente à Housseras, Housseray en 1396, Hosseroy en 1421, par superposition de -etum à -aria ; dans Provenchères — il y en deux dans les Vosges —

  1. Toponymie de la France, p. 209, no 484