Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
Joséphin Soulary

tume de l’humoriste tend à devenir une ironie sanglante, et son subjectivisme apparaît moins réflexe qu’autrefois. Il y a là une certaine Battue au sentiment qui détonne un peu devant l’œuvre antérieure, si objective, si impersonnelle. Aussi les meilleurs de ces sonnets sont-ils bien ceux où le poète s’abandonne franchement à philosopher sur son cœur, à la façon de Sully-Prudhomme. La paternité du genre me semble échoir pourtant à Soulary… Ces deux pièces : Liber esto, In somno æterno, pour ne citer que les plus belles, méritent mieux qu’une mention. Citons un fragment de la seconde :

L’Ange sonnait là-haut la trompe du réveil…
Et soudain j’entendis un lamentable chœur
De voix criant : « Rends-moi, rends-moi mon cœur,
« Voici l’heure où chacun reprend sa vie aux autres. »

— Femmes, ouvrez mon flanc, fouillez-y sans frémir ;
« Partagez-vous ce cœur fait de la chair des vôtres ;
« Refermez bien ma tombe, et laissez-moi dormir ! »